Noyon par ses rues, par Jean Goumard (1907-2010)

 

 

Retrouvez les articles racontant l'histoire de Noyon par le nom de ses rues écrits par Jean Goumard entre 1981 et 1997 dans nos sous-rubriques :

 

- Noyon intra muros

- Les boulevards et leurs annexes

- Les faubourgs et les écarts

 

Jean Goumard est né à Granville, dans la Manche, le 14 juillet 1906. Il parlait parfois de ses années d’enfance, par exemple, à Beauvais pendant la guerre de 14-18 où il racontait qu’il était un « bon petit diable ». C’était son premier contact avec notre département.

Puis, aux Andelys, dans l’Eure, où son père dirigeait une école fort sérieuse, près de la très belle église Notre-Dame. Son goût de l’histoire vient peut-être de rêveries à Richard Cœur de Lion, ce roi d’Angleterre qui avait construit l’imposant Château-Gaillard.

Il fit son service militaire à Lyon, dans le 9e Cuirassiers, et nous citait même le nom de son cheval qui aurait connu la caserne de Noyon… Il était donc cavalier lorsqu’il participa, comme officier, à la guerre de 1939-1940, où il fut blessé avant de faire partie des prisonniers de guerre, pendant quatre ans, en Prusse orientale.

De retour à Paris (nous conte une de ses petites filles), il s’occupa du rapatriement des prisonniers en gare d’Orsay. C’est là qu’il fit connaissance de Jane Magnier qu’il épousa et qui lui donna deux enfants. De retour à la vie civile, son diplôme d’ingénieur le dirigea vers l’industrie textile et en particulier vers le Nord de la France. Il fut responsable des ressources humaines (comme on dit maintenant) puis aborda les entreprises par une approche journalistique et syndicale. Il dirigea même un journal reliant les industriels, dont il fut bientôt un membre responsable. Madame Goumard me racontait des histoires de coton, ce matériau qui fut la base de ses occupations dans la région de Roubaix.

Lors de sa retraite, en 1975, Jean Goumard voulut, avec son épouse se rapprocher du pays natal de celle-ci : Nesle. Il choisit Noyon.

Lors d’une assemblée générale de notre Société, Mme Marguerite Laporte nous présenta ce jeune retraité. Commença alors une période d’adoption réciproque. L’histoire locale, après deux mille ans d’histoire, lui permit cette approche passionnelle. Se rappelant qu’il possédait une licence de lettres, sa culture le rapprocha du XVIe siècle encore bien présent en notre ville.

La bibliothèque en l’Hôtel-de-ville de Noyon déménage au 22 rue de Paris en décembre 1976. Avec notre bibiothécaire Mlle de Brunier, il entreprend une rénovation des rangements et des classements de 1978 à 1982. Ils accomplirent un travail magnifique dont nous avons hérité.

Notre bibliothèque possède heureusement, grâce à nos prédécesseurs, livres et documents à dépouiller et à classer. Il trouva là de quoi nourrir sa curiosité et ses besoins de précisions. Sa prodigieuse mémoire le servait, mais apportait à tous une source facile de renseignements. En 1989, il publia « Noyon dans la tourmente révolutionnaire », un ouvrage passionnant, synthétique et d’une grande clarté.

 

La même année, il s’astreint à publier chaque mois dans les « Dossiers Noyonnais » une esquisse de l’histoire des rues de Noyon. Ce sont ces chroniques revues, amplifiées et éclaircies qu’il publiera en 1995 : « L’histoire de Noyon racontée par ses rues ». Ce premier tome fit espérer et désirer la parution d’un deuxième tome consacré aux rues en dehors des boulevards. Il commença dès lors ses recherches de documentation. Tout est rassemblé et presque prêt, mais l’énormité du travail l’obligea à laisser à ses proches le soin de couronner cet ouvrage attendu par tous.

Il rédigea « Jacques Sarazin en son temps » pour partager les fêtes données à Noyon en 1992 pour le quatre centième anniversaire de sa naissance. Cela lui laissait encore le désir de guider les touristes et les curieux dans les visites de Noyon. La cathédrale n’avait plus de secrets pour lui.

Un conseil, un renseignement, la recherche d’un document, un projet de sujet, étudier… il nous offrait tout cela avec une gentillesse et une disponibilité sans faille. Il était plus qu’un vice-président, car nous avions toujours besoin de lui. Comme nous avons regretté de ne pouvoir beaucoup l’aider quand sa vue défaillit, puis quand les difficultés de l’âge l’obligèrent à réduire sa débordante activité.

 

Physiquement, il nous a quittés… Il reste vivant dans l’esprit de ceux qui l’on connu et à qui il a accordé amitié et attention. Il restera uni dans le souvenir comme l’un des honorables membres qui ont su créer et développer notre société et ce : « Ad multos annos », comme on disait jadis !...

 

Dr Jean Lefranc, 2010

Jean Goumard (DN n°199, Janvier 1998)
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